Page:Dorat - Les Baisers, 1770.djvu/138

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Didon y tend les bras au fugitif énée,
La sensible Sapho n’y quitte plus Phaon ;
L’ombre de Lycoris, de pampres couronnée ;
Danse, rit et folâtre autour d’Anacréon.
Racine y soupirant aux accords de sa lyre,
Le front ceint d’un cyprès de fleurs entremêlé,
De l’amour et des vers sent le même délire,
Et baigne encor de pleurs le sein de Champmeslé.
Alcibiade y suit la volage Glycère ;
César y va contant ses amoureux exploits :
L’ombre enfin de Henri, cette ombre auguste et chere,
De la nymphe d’Anet semble adorer les lois
Dans ce bosquet riant et presque solitaire,
Où les ordres du ciel ont placé les bons rois.
Ces champs à ton aspect s’embelliront encore ;
Le jour qui les éclaire en deviendra plus doux ;
On n’aura jamais vu tant de myrtes éclore ;
Le cercle des heureux s’ouvrira devant nous ;
Nous leur demanderons le prix de la tendresse,
Amans ainsi que nous, ils liront dans nos yeux ;