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Page:Dorat - Les Baisers, 1770.djvu/84

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Ils héritoient des fables de la Grèce,
Songes rians, ingénieux loisirs,
Par qui le dogme ordonnoit les plaisirs,
Douces erreurs qu’adoptoit la sagesse.
Ô temps heureux ! Où Flore et les Zéphirs
À leurs autels enchaînoient la jeunesse ;
Où l’on voloit sur l’aîle des desirs ?

Où dans les cieux on plaçoit sa maîtresse,
Où la naïade, en confondant ses flots,
Par des soupirs échauffoit ses roseaux
Qui de Syrinx murmuroient la tristesse ;
Où le Léthé rouloit l’oubli des maux !
Thaïs, alors, chaque attrait d’une belle
Étoit lui-même une divinité :
Un front ouvert, c’étoit la vérité ;
En le baisant, on fêtoit l’immortelle ;
Les lis du sein cachoient la volupté :
D’un œil brillant avec sérénité
L’amour superbe allumoit l’étincelle :
La main vouée à la fidélité