Page:Dorat - Les Baisers, 1770.djvu/93

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Toujours le piége est près de l’innocence.
Je voyois tout, à travers un buisson ;
Et je voulois, dans mon impatience,
Cueillir aussi ma part de la moisson.
Mon sein palpite, et mon œil étincelle ;
Dans tous mes sens circule un feu nouveau :
J’avance et fuis, me résous et chancelle :
L’amour me dit : ose, et sois moi fidelle ;
Thaïs toujours n’aura point mon bandeau.
Je crois l’amour ; il m’applaudit de l’aîle,
Et je m’élance au milieu du troupeau.
L’éclair moins vîte a silloné la nue.

Belles de fuir ; moi de les appaiser.
Je joins Thaïs, et ma bouche éperdue
Brûle son sein par un triple baiser.
Thaïs se trouble, et ne peut s’y méprendre ;
Fille jamais n’en donna de pareil ;
Le cœur lui bat, son front est plus vermeil :
On l’interroge, et je crains de l’entendre ;
Elle est muette : un doux frémissement,
Ô ma Thaïs ! S’