Page:Dorgelès - Le Cabaret de la belle femme.djvu/131

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LES POISSONS ROUGES


Un camarade faisait le guet à l’entrée du boyau de la Mine.

— Acré ! nous cria-t-il, les v’là qui reviennent.

Subitement, tout le monde fut planqué. Les uns disparurent dans leurs terriers, d’autres, changés en statue du devoir, regardèrent au créneau en fronçant les sourcils, et le caporal Roubion, tout débraillé, qui cherchait ses poux entre deux sommes, reboutonna prudemment sa capote.

— On ne peut même plus être tranquille chez soi, se plaignit Lousteau, qui ciselait une bague.

Les officiers d’État-Major qui étaient allés, en procession, visiter la mine, s’en retournaient, l’air satisfait. Un grand, en tenue bleu clair, qui portait un brassard doré, s’intéressa à nous, au passage.

— Eh bien, ils ont bonne mine, ces garçons-là, nous dit-il avec la sollicitude qu’on accorde aux petits bohémiens courant derrière la roulotte paternelle. Vous mangez bien, hein ?

— Oui, avec nos colis, ronchonna quelqu’un.

Le groupe élégant s’éloignait, en parlant très fort.

— Vraiment très bien faite, cette mine.