Page:Dorian - Inconnu, paru dans Gil Blas du 3 au 7 mai 1904.djvu/21

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du puits. Un autre sergent indigène, avec deux sections, est au tala (arbre).

Le convoi de munitions est entre le grand arbre et l’enceinte palissadée du village.

La journée du 15 s’achève paisiblement en apparence, mais que doit-il se passer dans l’âme des deux criminels, et quelles réflexions dans tous ces cerveaux ébranlés par ce drame sans précédent ?

Le 16 au matin, à son arrivée à Megergui, tout ce qui reste de la Mission Afrique Centrale est réuni, Voulet fait sonner « au rapport » et rassemble tous les sergents indigènes. Il leur dit :

« — Vous avez entendu ce que nous avons dit hier. Nous ne voulons plus servir la France. Après avoir été injuste envers nous, qui lui avons donné un territoire grand comme elle (l’Anagadougou et le Mossi) elle ne nous a rien donné en échange. Aujourd’hui elle veut nous enlever notre gloire d’aller au Tchad.

« Nous ne sommes plus Français ; nous tuerons tous ceux qui viendront, et s’il arrive une colonne du Nord (la Mission saharienne), nous lui tendrons des pièges et nous la décimerons.

« Il n’y a plus d’officiers. Chanoine et moi, nous sommes Sultans. Ceux qui ne voudront pas nous obéir seront fusillés !

« Ceux qui resteront avec nous seront riches pour toujours. »

Chanoine, à son tour, dit :

« — Moi aussi, j’ai tué le colonel, je ne veux pas rester Français !… »


Le complot contre Voulet et Chanoine


Pendant que les ex-capitaines rentrent dans leurs tentes pour déjeuner et faire la sieste, les sergents indigènes sortent par la porte ouest du village et décident de se faire pardonner le crime du 14 Juillet. Ils veulent être rapatriés dans leurs villages, où ils désirent rentrer le plus tôt possible, et sans avoir à craindre les poursuites des autorités françaises. Ils rentreront ainsi au Soudan, conduits par les lieutenants Pallier et Joalland.

Tel est le plan.

Les gradés et les hommes dévoués à la personne des deux ex-capitaines sont tenus à l’écart et ne se doutent de rien. Tout cela est mené rapidement en dehors du village.

Les sections s’installent sur un petit monticule, à l’Ouest, sous la direction du sergent Salé Taraoré, qui est l’âme de ce complot. Il