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VENGEANCE FATALE

Comme ils avaient dit, les deux jeunes gens se présentèrent sur la rue St-Alexandre le même soir, et veillèrent assez tard avec Mathilde et Hortense.

Quant à M. Darcy qui était absent, il était sorti d’un air fort préoccupé. Il avait reçu la visite de Puivert et était reparti avec lui.

Revenons à celui-ci.

Après avoir été chassé du bureau par Edmond et Victor avec les égards que l’on sait, il était d’abord resté tout abasourdi d’un événement aussi étrange et de la manière singulière dont s’était terminée sa visite chez Marceau.

Nous savons que le grand péché de Puivert était l’avarice.

Aussi, son premier étonnement passé, il se livra à un morne désespoir. Il s’éloigna un peu, puis il revint à la fenêtre par laquelle il avait dû sortir. Il remarqua alors qu’elle était obstruée à l’intérieur par de grosses barres de fer, les mêmes que Victor et Edmond avaient placées après le départ du fermier.

— Que j’aille donc dire que c’est par cette fenêtre que l’on m’a mis dehors, personne ne voudra me croire. Bien plus on rira et on se moquera de moi, alors que je ne raconterai que la vérité ; que je dise que ces barres de fer n’ont été placées qu’après ma sortie, les procédés de la justice sont si lents que la chose ne pourra plus être prouvée lorsqu’on tentera de le faire.

Puis le fermier pensa de nouveau à son argent perdu.

— Que dira M. Darcy ? pensait-il. Il ne me croira probablement pas. De plus, il a un reçu pour ces trois cents dollars. Il faut pourtant que je m’arrange de