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VENGEANCE FATALE

après l’avoir mis hors d’état de nuire, ou tu es un homme mort.

— Ah ! je vous reconnais, que me voulez-vous ? fit Puivert en tremblant.

— Tu ne le devines pas ?

— Non.

— Eh bien, je veux que tu me racontes, mot pour mot, ce qui s’est passé dans cette nuit du 29 décembre 1838, et dont la révélation semble tant effrayer l’homme qui vient de partir.

— Jamais.

— Si tu ne me dis pas tout, tu es un homme mort.

— Au secours ! cria Puivert d’une voix étranglée.

Louis avait saisi le fermier à la gorge, afin d’éteindre sa voix.

Puis il s’assura que la rue était tout à fait silencieuse, ce dont Puivert put aussi se convaincre.

— Écoute, fit Louis, si tu ne me dis pas tout, je te répète, tu es mort.

— Je vous raconterai tout ce que je sais, mais à une condition.

— Laquelle ?

— Que vous me laissiez la vie sauve, et que vous ne me dénonciez pas, quelque part que j’aie prise aux événements que je vais vous raconter.

— Ce que tu me demandes est impossible !

— Eh bien, vous ne saurez rien alors.

Louis vit bien que s’il n’accordait pas la vie à ce misérable, il ne saurait rien de cette fatale nuit du 29 décembre 1838, pendant laquelle il avait perdu sa mère, alors qu’il n’était âgé que d’un an.

— Soit, dit-il, tu auras la vie sauve.