Page:Dorion - Vengeance fatale, 1893.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
VENGEANCE FATALE

quelle impatience j’attends le jour où je te conduirai à l’autel ! Quel bonheur pour moi ! C’est alors seulement que je pourrai dire que je te possède entièrement, que tu es bien à moi, et que je ne songerai plus à mes envieux.

À cette déclaration amoureuse de son fiancé, Mathilde ne répondit que par un joyeux sourire ; puis pensant tout à coup au but de sa sortie : « Sais-tu, dit-elle, que je perds joliment mon temps avec toi ? je devrais être déjà de retour à la maison. »

Et la belle villageoise partit après avoir déployé un mouchoir qu’elle noua autour de son cou, soit par coquetterie, soit pour garantir sa peau blanche de l’ardeur du soleil.

Pierre la vit entrer dans le petit magasin et en ressortir presque aussitôt. Si pressée qu’elle fût, Mathilde ne s’en arrêta pas moins une seconde fois pour causer avec le laboureur.

« Cette fois, je vais vous appeler fainéant, vous n’avez rien fait depuis que je suis partie. »

— Tu as raison, mais ta course a duré si peu de temps ; j’allais fouetter mes chevaux pour leur redonner de l’ardeur, quand te voilà déjà de retour.

— Eh bien, je ne te retiendrai pas plus longtemps dans l’oisivité et je retourne à la maison où, sans doute, ma mère doit s’impatienter de mon retard à lui apporter quelque chose que je viens d’acheter pour elle.

Et en un instant, elle était déjà sous le toit paternel, d’où elle ne manqua pas d’adresser à Pierre un gentil salut, que celui-ci lui rendit immédiatement.

Maintenant que Mathilde nous a privés de son charmant babillage, faisons plus ample connaissance