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VENGEANCE FATALE

améliorés depuis cette époque. Aussi le feu dura-t-il plusieurs heures.

En entrant chez lui Darcy se souvint de la promesse qu’il avait faite à celle qui n’était plus qu’un cadavre. Il crut cependant plus judicieux d’éloigner l’enfant de la maison pendant quelque temps ; les soins d’une nourrice lui étaient encore nécessaires, et d’ailleurs il eût trouvé fort difficile la tâche d’expliquer la provenance de cette enfant à madame Darcy. Celle-ci, comme on sait, ne devait pas survivre longtemps à l’incendie de la rue Craig, et lorsqu’Hortense eut atteint environ dix-huit mois, le meurtrier de madame Delaunay lui donna son nom et l’éleva dans sa maison comme sa propre fille.

Delaunay avait été prévenu de l’incendie qui s’était déclaré chez lui. On conçoit facilement la stupéfaction de cet homme en voyant s’écrouler l’avenir qu’il avait rêvé. Nous renonçons à peindre la douleur navrante dont il fut saisi à la vue du cadavre de son épouse carbonisée et devant la disparition de son enfant.

L’âge avait naturellement modifié le caractère de Darcy dans un sens plus sérieux ; aussi pensa-t-il. à faire fructifier sa nouvelle fortune et il devint l’un des plus riches banquiers de Montréal.

Quant à Mathilde et Hortense, elles continuèrent de grandir ensemble et jusqu’à l’époque où ce récit est arrivé, elles avaient toujours été sous l’impression qu’elles étaient sœurs, et toutes deux filles de monsieur et madame Darcy.