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Page:Dorion - Vengeance fatale, 1893.djvu/137

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VENGEANCE FATALE

Marceau, et c’est un de mes amis, mais je doute fort que ce soit le même que celui dont tu viens de parler.

— C’est que vous ne connaissez qu’un côté d’Edmond Marceau, celui du gentleman, tandis qu’au fond ce n’est qu’une canaille.

— Tu mens, fit Ernest, devenu furieux à l’idée qu’il avait vécu dans l’intimité d’un voleur, tu mens, coquin !

— Bien alors, si vous ne me croyez pas et m’interrompez à chaque instant, je n’ai plus rien à faire ici.

— Ernest, je ne puis comprendre tes interruptions continuelles, fit Louis dans un moment d’impatience facile à concevoir, le seul moyen d’apprendre les nouvelles que cet homme prétend nous apporter d’une source certaine, c’est d’écouter son récit attentivement. Tu le jugeras ensuite.

Ernest regarda son ami, quelque peu surpris du ton cassant que ce dernier venait de prendre vis-à-vis de lui, mais il ne se plaignit pas. En homme de cœur tout lui semblait permis à celui qui venait de souffrir des angoisses aussi mortelles.

— Reprenez donc votre récit et ne faites pas attention à mes dernières paroles, dit-il à Victor.

— Je disais qu’Edmond Marceau est un voleur. Eh bien ! je répète mon accusation. Je pourrais facilement prouver une foule de crimes dont il s’est rendu coupable, car dans tous ces méfaits nous avons toujours été complices. Par exemple, lorsque Marceau habitait New-York — vous ignorez ce détail sans doute, il s’appelait Narcisse Lafond et non pas Edmond Marceau…

— Tu dis que Marceau a porté autrefois le nom de Lafond ?