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VENGEANCE FATALE

— Mais j’aime M. Louis Hervart, mon père, vous le savez vous-même !

— Et M. Hervart, dit à son tour Mathilde…

Mais elle fut promptement interrompue par son père.

— Quant à toi, lui dit-il, tu n’as rien à voir à cela. Pour ce qui est d’Hortense, peut-être se fait-elle illusion à l’égard de M. Hervart. Je ne crois pas à la réalité de l’amour qu’il feint pour toi autant qu’à la passion certaine de M. Marceau qui, lui, ne rêve que de toi.

— Vous vous trompez, mon père, reprit Mathilde pour la seconde fois, personne n’aimera jamais Hortense d’un amour plus vrai que M. Hervart.

Darcy s’était bien attendu à rencontrer de la résistance de la part d’Hortense, voire même de Mathilde, mais il croyait en même temps que l’aide apportée à sa sœur par cette dernière serait plutôt le résultat du dépit ou du regret de son ancien amant, et l’on sait qu’il n’aimait pas à contrarier Mathilde. Au contraire, celle-ci prenait bien en effet la part d’Hortense, mais sans paraître ressentir aucun chagrin pour Edmond. Évidemment, il n’avait pas remarqué l’assiduité d’Ernest auprès de sa fille, laquelle du reste ne datait pas depuis longtemps. Cette nouvelle position que prenait Mathilde en encourageant sa sœur à la résistance par pure sympathie pour elle, le jetait hors de ses prévisions et l’inquiétait, car il connaissait le caractère inflexible de sa fille. Celle-ci continuait à remontrer son père sur sa prétention de forcer Hortense à accepter un mari dont elle ne voulait pas.