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VENGEANCE FATALE

Il se leva donc pour recevoir le fermier qui le regarda presqu’en tremblant, à l’aspect que présentait la figure du meurtrier, encore plus maussade en ce moment, que lorsque dominé par ses plus grands accès de colère.

En même temps la fille de table avait pu remettre à Mathilde une lettre apportée à l’instant même. Cette lettre se lisait ainsi :

« Je vous adresse, avec ces quelques mots, une lettre destinée à ma bien-aimée Hortense, afin que M. Darcy ne sache pas que ce billet vient de moi, vu une légère difficulté, que nous avons eue ensemble. J’espère pouvoir compter sur votre générosité habituelle en cette circonstance et vous en remercie d’avance. » Ces quelques lignes portaient la signature de Louis Hervart.

Hortense ouvrit la lettre à son adresse. « Tu me trouveras bien téméraire, lui écrivait Louis, surtout quand tu auras lu ce billet en entier. Mais sois persuadée que tout ce que je fais c’est pour ton bonheur aussi bien que pour le mien. Je sais que ton père te destine à Marceau.

Il ne le connaît pas bien, sans doute, car il eût fait pour toi un autre choix. Je le connais mieux, moi, et ce que je puis te dire de lui, c’est qu’il n’a jamais été qu’un voleur et qu’il complote à l’instant même un assassinat avec d’autres scélérats qui ne valent pas mieux que lui.

D’ailleurs, tu sais mon amour pour toi ; en effet, sans toi je ne pourrais vivre. Tu dois croire à la franchise de ces paroles. Tu m’aimes toi aussi, tu pourrais vouloir me tromper en épousant Edmond, mais je ne pren-