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VENGEANCE FATALE

Et il entra avec ses deux acolytes dans l’appartement que l’on venait de mettre à leur disposition.

Puivert tremblait.

Pour stimuler son courage Darcy et Edmond lui firent boire trois verres de cognac, qui lui montèrent quelque peu à la tête.

Ce n’est pas à dire qu’ils furent eux-mêmes d’une tempérance complète ; peut-être aussi se sentaient-ils défaillir. Toujours est-il que sans se livrer à des libations telles qu’en prenait le fermier, l’aidèrent-ils puissamment à vider la bouteille du fameux cognac du père Pitou.

Tous les trois passèrent leur après-midi dans l’auberge et y prirent le repas du soir.

Edmond ne doutait pas du succès de leur guet-apens et paraissait très insouciant. Vers huit heures la fatigue eut raison de lui et il finit par céder au sommeil.

Puivert était immobile sur un siège de bois. Lui non plus ne disait pas un mot. Il songeait à la vie tranquille qu’il avait toujours menée à Ste-Anne et qu’il regrettait amèrement en la comparant à celle des dangers continuels, auxquels il était soumis depuis quelques jours.

Darcy semblait impatient. Il s’asseyait, se levait, puis marchait à pas précipités. L’appartement où étaient réunis ces trois hommes prenait un aspect lugubre ; l’obscurité y planait en entier.

Le père de Mathilde admirait le courage d’Edmond, qui dormait sans souci dans l’attente d’un combat aussi meurtrier, et n’avait que du mépris pour Puivert que le froid gagnait et que la peur faisait trembler encore davantage. Il le secouait rudement.