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VENGEANCE FATALE

il était dix heures et cinq minutes. « Je crois, dit-il, que l’heure est arrivée d’éveiller Marceau. »

Il s’aperçut alors que Puivert dormait aussi. Il les secoua tous deux rudement. Le fermier commença par ouvrir difficilement les yeux puis se mit à les frotter de ses grosses et larges mains. Enfin, il se leva en disant, sans trop se rappeler la tâche qui lui incombait : « Me voilà prêt ». Quant à Edmond il se leva sur le champ, alla chercher les épées qu’il avait mises hors de portée, et guidant ses deux compagnons, il alla s’embusquer avec eux près du précipice de l’autre côté du chemin.

— Maintenant, ne bougeons pas, dit-il. Soyons sur le qui-vive. Ils ne peuvent tarder à arriver. Quand je crierai « en avant » nous nous précipiterons sur la voiture que nous devons renverser dans le précipice, si c’est possible, avant d’attaquer cette canaille dont il faut se défaire à tout prix.

— N’oublie pas Puivert, fit Darcy d’un ton sarcastique pour faire endêver le fermier, que tu dois payer de ta personne tout aussi bien que nous.

— Je suis prêt à faire mon devoir sans vos recommandations, soyez-en convaincu.

— Dix heures et quart, fit Edmond en sortant sa montre de son gilet ; nos hommes retardent encore plus que je ne pensais. M. Darcy, vous auriez pu dormir comme nous, vous en aviez amplement le temps.

— Dans des circonstances semblables je ne donne jamais de temps au sommeil ; dans ce cas en particulier, nous avions besoin d’une sentinelle au moins. Si Puivert se fût montré un peu plus énergique, il eût pu