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Page:Dorion - Vengeance fatale, 1893.djvu/18

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VENGEANCE FATALE

III

RAOUL DE LAGUSSE


Le même soir il se présenta en effet chez le père Pouliotte et la connaissance fut bientôt établie avec Mlle Gagnon et sa mère, qui ne le reconnut pas. Le lecteur comprendra facilement que Mathilde, après les deux événements si intempestifs de cette journée, ne pouvait avoir oublié sa figure.

Le jeune homme se nommait Raoul de Lagusse. Il causa d’abord avec les diverses personnes qui formaient la société de madame Pouliotte ce soir-là, puis il réussit enfin à se rapprocher de celle qui l’avait fasciné en aussi peu de temps.

Il commença par lui adresser quelques banalités d’usage, puis il attira bientôt son attention sur leur rencontre de l’après-midi.

— Mademoiselle, fit-il, cela a été un grand bonheur pour vous et pour moi que je fusse auprès de vous, lorsque vous avez été attaquée par cet insolent Anglais. J’en suis d’autant plus ravi que le hasard seul a tout conduit.

— Pardon, interrompit Mathilde, mais est-ce seulement le hasard qui vous a placé sur mon chemin lors de cet incident ?

— Que croyez-vous donc ?

— C’était la seconde fois que je vous rencontrais dans la journée…

Raoul ne la laissa pas achever sa phrase, il comprit ce qu’elle allait lui dire. Il essaya de feindre l’étonnement,