Page:Dorion - Vengeance fatale, 1893.djvu/181

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CONCLUSION.


Aussitôt après l’issue de ce combat meurtrier, les deux amis continuèrent leur route vers la ville, en imposant à leur cheval une course presque vagabonde.

Dès leur arrivée, Ernest se rendit chez Mathilde pour l’instruire de son malheur, Louis était allé à son domicile où il croyait rencontrer Hortense. Ne l’y trouvant pas, il prit, en toute hâte, le chemin de la rue St-Alexandre et il arriva à l’hôtel Darcy au moment où Ernest terminait à Mathilde le récit du drame sanglant, qui avait eu lieu dans le cours de cette journée néfaste.

Tout en pleurant sur la mort tragique de son père, Mathilde ne pouvait méconnaître le doigt de Dieu dans cette triste épreuve.

— Mon Dieu ! s’écria-t-elle ! que dois-je donc attendre dans l’avenir ? Je reste sans défenseur et abandonnée de tous mes amis.

— Vous êtes injuste, jamais vous n’avez eu ni vous aurez un ami plus dévoué que moi.

La jeune fille fit voir au jeune homme un œil de reconnaissance dont celui-ci fut presque ébloui.

— Comment faire pour empêcher le déshonneur désormais attaché à mon nom ?

— À ce point de vue votre position est meilleure que la nôtre, jamais aucun méfait n’a souillé le nom de Darcy. Personne, à part Louis et moi, ne sait que Darcy et Raoul de Lagusse ne formaient qu’une même individualité, et vous n’avez rien à craindre de nous, sous ce rapport. Louis et moi, nous n’attaquerions la