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VENGEANCE FATALE

attendue — vous avez dû m’attendre, — car j’ai fait une longue visite à une amie ?

— Je ne sais trop que répondre. La curiosité m’attachait aussi à vos pas.

La veillée se prolongea assez tard, et Raoul s’en alla enchanté d’avoir fait la connaissance des deux étrangères, mais avec le regret d’apprendre qu’elles partaient le lendemain. Mais avant leur départ il voulut faire part au père Pouliotte de ses nouveaux sentiments, et il le pria de lui servir d’intermédiaire auprès de Mathilde. Il prétendait déjà à la main de la jeune fille. Le bonhomme lui fit comprendre l’inopportunité de sa demande, lui dit qu’elle était déjà fiancée et qu’elle devait se marier prochainement.

— Quelle est donc le nom de son fiancé ? demanda Raoul.

— Pierre Hervart, répondit Pouliotte.

Raoul recommanda à ce dernier de renouveler ses respects aux deux voyageuses ; mais en le quittant : « Tant pis pour ce Hervart, s’écria-t-il avec rage. »

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Nos lecteurs, ne connaissant encore que très-imparfaitement Raoul de Lagusse, nous sauront probablement gré des quelques détails que nous allons donner de sa personne.

Il paraissait avoir une trentaine d’années ; ses yeux, ses cheveux étaient d’un noir d’ébène et ses traits extrêmement réguliers, sa toilette était très recherchée et toujours dans les derniers goûts et il n’avait pas, comme on voit, échangé les étoffes fines de l’Angleterre contre le costume rustique que les patriotes portaient à cette époque.