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Page:Dorion - Vengeance fatale, 1893.djvu/49

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VENGEANCE FATALE

ses deux filles ne se mariaient pas parce qu’elles redoutaient trop de ne pas trouver le bonheur dans le mariage ; malheureusement les histoires de la mère n’étaient pas toujours prises à la lettre.

Ernest, qui espérait recevoir une invitation de la mère, s’était montré très attentif auprès de ses filles, chez Mr Darcy, et en effet nous pouvions le voir encore auprès de Mathilde à la réception de Mme Larveau.

On dansait une valse. Ernest emmena la jeune fille à l’écart.

— Mademoiselle, dit-il, avez-vous songé à ce que je vous ai dit hier ?

— Je vous avouerai, répondit Mathilde, que j’ai été si surprise, quand je vous ai entendu me tenir un pareil langage la première fois que je vous voyais, que je n’ai pu m’empêcher d’y penser un peu.

— Vous avez dû en effet trouver mes paroles hors de propos, mais quand je ressens quelqu’émotion, il m’est impossible de la contenir. Ainsi puisque je n’ai pu vous cacher mes sentiments plus longtemps, voudriez-vous me faire connaître les vôtres à mon égard ? Voyez bien, et Ernest s’animait de peur de recevoir une réponse qui détruirait ses illusions, quoique je ne vous connaisse que d’hier, je vous aime à la folie et je ferais tout pour vous prouver mon dévouement et mon amour, si je pouvais faire quelque chose en ce sens.

— Mais, monsieur, il y a si peu de temps que je vous connais…

— Une simple réponse, mais tout de suite cependant, je ne veux pas attendre.

Mais Mathilde se taisait.