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VENGEANCE FATALE

— Et toi, fit Hortense ?

— Je l’ai revu avec le même plaisir ; ses manières et sa conversation toujours agréables font que, malgré moi, je le trouve sympathique, et je m’ennuie déjà presque de lui.

— Vois comme tout va bien, tu vas épouser M. Lesieur, l’ami intime de Louis, et les nouveaux liens qui les attacheront ne peuvent que resserrer davantage l’amitié qui les unit déjà. Pour nous ce sera le bonheur perpétuel.

Hélas ! les deux jeunes filles étaient loin de prévoir l’effroyable catastrophe, qui allait bientôt fondre sur elles.

Louis et Ernest firent leurs visites comme ils avaient dit et partirent bientôt pour N… Louis devait écrire à Hortense tous les jours.

À peine était-il arrivé chez Ernest que, fidèle à sa promesse, il adressa une première lettre à sa fiancée. Cette lettre fut suivie de plusieurs autres. Nous détacherons les deux suivantes de sa correspondance.

N… 23 juin 1858.
Ma chère Hortense,

Je suis arrivé à N… hier soir à neuf heures ; j’étais quelque peu fatigué et la première veillée que je devais passer chez Ernest n’a pas été très longue. Je ne connais pas encore assez mon nouveau séjour pour vous le décrire, mais si vous le permettez je vous dirai quelques mots de notre trajet. À notre arrivée, un excellent souper préparé par madame Lesieur nous attendait. Tous les mets étaient d’une saveur exquise ; aussi y en a-t-il bien peu auxquels je n’ai pas fait honneur.