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VENGEANCE FATALE

je puis assister au lever du soleil, un tableau superbe se déroule à mes yeux.

Ce matin, par exemple, le soleil perçait de ses rayons dorés la haute cime des arbres et les eaux d’un gracieux petit étang, où l’on voit tous les jours se baigner une nuée de canards des couleurs les plus variées. Je ressentais cette douce fraîcheur du matin que laisse la brume en se dissipant en rosée. Ajoutons à cela le chant des oiseaux, la vue au loin des gracieuses montagnes de notre pays, du grand fleuve, dont les eaux calmes toute la nuit commencent à bouillonner en flots que l’on peut entendre très loin ; tout cela me réjouit, me charme, m’enivre !

Si Hortense était ici, me dis-je, dans ce temps-là, qu’elle trouverait cela beau, qu’elle aimerait à confier ses secrets à la solitude de ces bois, qui nous porte sans cesse à une poétique rêverie.

Ernest se joint à moi pour vous saluer ; il n’a pas oublié mademoiselle Mathilde à la campagne, il ne cesse de m’en parler. Veuillez me rappeler à son souvenir. J’espère avoir le bonheur de vous presser les mains demain.

Veuillez accepter les meilleurs souhaits de

Votre très affectueux Louis.

Nous avons pu voir par les lettres qu’Hortense avait reçues de Louis, que celui-ci avait été accueilli chez madame Lesieur, avec la déférence de la plus gracieuse hospitalité, tandis qu’Ernest lui témoignait tous les égards d’une vive amitié. Aussi la pensée de quitter ce superbe endroit ne serait probablement pas