Page:Dormienne - Les Caprices du sexe.djvu/10

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quelque gaine cachée, sa main reparut, tenant une tige charnue, longue et à tête rouge.

La fille du marquis se rejeta en arrière. Une honte subite empourpra son visage étroit et délicat. Elle eut une seconde de tremblement inconscient. Pourtant, ses mains restèrent appuyées aux pierres crémeuses et moussues. Une lutte confuse secouait sa pensée. Une crainte vague aussi et un désir de voir encore… Ce désir fut le plus fort. Louise se pencha de nouveau vers les passants.

La scène s’était à peine modifiée. Mais la suite l’étonna tant que sa pudeur en disparut. Le couple s’était arrêté. L’homme, face stupide et bouche ouverte, les jambes un peu plus écartées que dans la marche, les bras ballants, se tenaient droit comme s’il allait tomber d’un bloc. Il était burlesque et peut-être tragique, car les gestes de la femme avaient une sorte de cruauté insolente, qu’accentuaient le sourire de triomphe et l’espèce de domination farouche de son attitude.

À peine inclinée, avec attention, appuyée de l’épaule gauche à son amant, elle caressait de la main droite l’objet que Louise de Bescé avait vu surgir tout à l’heure au bas-ventre viril. C’était évidemment le sexe : une façon de corne, grosse presque comme le poignet de la jeune fille, et dont l’extrémité écarlate semblait partagée en deux lobes dessinant la forme d’un cœur.

La femme maniait cet objet avec douceur et agilité. Elle le triturait de l’extrémité à la racine avec la paume et les doigts. Puis son mouvement s’accéléra et ce fut comme si elle frottait un bibelot cylindrique pour le faire reluire.

Que signifiait ce cérémonial ? Louise attendit la suite, ou la fin, avec une attention passionnée. Cela lui semblait si amusant, ridicule et absurde, que rien en elle ne se révoltait contre un spectacle aussi inconvenant.