Page:Dormienne - Les Caprices du sexe.djvu/103

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les bras graciles et les jambes sveltes, puis le linge s’en allait. On voyait maintenant les seins droits et ronds, avec la croupe dont la double sphéricité harmonieuse complétait le renflement des cuisses et l’inflexion du torse charmant.

Maintenant elle était nue et levait au ciel des bras de statue. On percevait les aisselles, où un mince duvet mouillé de gouttelettes jetait des lueurs glacées. Le ventre avait une grâce exquise de vase à panse rose et savamment incurvée. Et puis le médecin en venait, comme le fer vient à l’aimant, au point du corps féminin où le désir est tapi comme un fauve… C’est le lieu dont la seule pensée empourpre la face, gonfle les veines du front, angoisse la gorge et transforme même un illustre homme de science en bête possédée par le rut. Son regard imaginaire descendit donc jusqu’à la ligne montant entre les cuisses.

Cela faisait vraiment une figure héraldique. Les armoiries des Timo de Bescé : le pairle d’or sur un fond d’hermine. La virginité et le gain… Quelle évocation douloureuse et tragique… Les deux branches montantes du pairle de chair, les aines de Louise, enfermaient une toison rousse. Elle était si fine et transparente que le mont de Vénus se voyait dessous comme un visage de jolie femme sous des voiles de deuil. Cela faisait un infime mamelon, rattaché au périnée par une inflexion délicate, à deux branches, et semblable à une tulipe ouverte. Au milieu de la courbe charnue, un méplat vertical déprimait la chair, dont les deux côtés en contact semblaient pourtant dire qu’il était inviolé. Cette ligne creuse et violacée, avec deux commissures souriantes aux extrémités, c’était le sexe.

Le docteur de Laize voyait tout cela et désirait d’être un des hommes qui, autour de Louise, tendaient vers le ciel des membres d’âne, longs et massifs à terrifier une nouvelle épouse.

Mais son désir était de ces tristes ambitions qu’on sait trop vaines. Il souffrait surtout d’être un homme de science qui se laisse prendre par les cauchemars. Et pourtant son savoir se mélangeait en sa pensée active et amoureuse pour constituer le