Page:Dormienne - Les Caprices du sexe.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et soudain, la verge entrait plus profond, tentait une sorte d’assaut violent et désespéré, puis s’immobilisait au fond de la vulve. Alors des secousses tétaniques secouaient l’organe, et une liqueur chaude et lourde tombait par gouttes épaisses sur le museau de tanche de la matrice, procurant à la chair féminine une explosion de joie énorme. Les lèvres s’ouvraient plus grandes et le clitoris battait. Un liquide séreux filtrait à travers les glandes ovariennes, et cela aussi était projeté, comme pour accompagner l’éjaculation mâle, tandis qu’une sorte de tremblement courait, jusqu’au bulbe rachidien, porter la douleur et la jouissance intimement mêlées.

C’était le plaisir sexuel d’une femme que de Laize reconstituait ainsi en lui-même. Celui même que Louise de Bescé goûtait sans lui. Il ne songeait qu’à elle. Il aurait tant donné — tout — pour la revoir et la posséder. Maintenant il retrouvait sa qualité de spectateur pour admirer de haut le corps de celle qu’il aimait, et celui du mâle qui avait éveillé en elle le bonheur sexuel. Ils étaient tous deux étendus côte à côte. La verge tombait lentement, amollie par la joie. Louise, elle, restait béante et insatisfaite. On lisait sur ses traits l’appel à tous les priapes du monde, à toutes les jouissances possibles, pour tenter de retrouver cette minute de surhumaines délices…

Et de Laize sentit, à une humidité intime, que dans ce cauchemar il avait joui lui aussi.

Il se dit : — Mon vieux, tu as trop travaillé ces dernières années, tu as enfermé en toi un fantôme aujourd’hui envahissant, il faut désormais le chasser. La douche ? Pourquoi pas les vaporisations de peroxyde d’azote sur la moelle épinière, le bromure, la valériane ? Voyons, je ne suis pas un de ces idiots qui…

Il s’arrêta :

— Comment me comprendre ? Ai-je un mal mental ou un mal moral ?