Page:Dormienne - Les Caprices du sexe.djvu/134

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Le certain, c’est qu’il aimait toujours Louise de Bescé. Il ne l’avait jamais tant aimée. Il gardait désormais pour elle une sorte de passion mystique dont il ne s’expliquait pas la violence, mais qui le tenait avec une force prodigieuse. Et il sentit que cela deviendrait pour lui une question de vie ou de mort. Il faudrait que Louise lui appartînt. Sans cela il ne répondait plus de son cerveau, et, plutôt que de sombrer dans les abîmes de l’idée fixe érotique, il aimerait mieux…

Elle était en ce moment avec le misérable rôdeur. En cet esprit porté vers le défi, toutes les extravagances demeuraient possibles. La reverrait-il jamais, l’amoureux transi qui somnolait, le sang à la face, dans le fauteuil de son salon, en écoutant les heures se suivre ?

Avec Louise, tout était à craindre, même qu’elle quittât Paris, pour aller n’importe où par le monde, même qu’elle adoptât le maquereau recruté boulevard de Clichy et en fît son amant de cœur et son protecteur. En ce cas il faudrait tuer. Car de Laize était décidé à briser tous les obstacles qui le séparaient de son amour. S’il fallait tuer, la mort viendrait au commandement. Et un médecin peut assassiner sans que nul s’en doute.

Mais tout cela reculerait l’heure de réaliser cet amour qui lui brûlait les moelles. Il sentait pourtant, à certains appels de sa chair et de son esprit, l’urgence profonde d’agir…

Neuf heures et demie tintèrent lorsque la grêle sonnerie du téléphone réveilla de Laize, qui avait commencé de sommeiller, vers sept heures, tout vêtu sur son fauteuil. Il se souvint de Hans Holler et de la mission dont il l’avait chargé. D’un bond il fut sur l’appareil.

— Allô ! qui est là ?

— Holler ! c’est au docteur de Laize que je parle ?