Page:Dormienne - Les Caprices du sexe.djvu/136

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Il avait donc des maîtresses à foison. Elles pourvoyaient à ses besoins avec libéralité. Toutefois, comme il avait encore l’esprit d’aventure, il participait à des cambriolages et autres dangereux expédients, entre-temps, pour les frais de vie que l’on ne saurait demander à l’amour.

Louise le connaissait comme toutes les femmes qui fréquentaient les restaurants de nuit parisiens. Elle le savait dangereux et expert dans le maniement du couteau. Mais elle était d’humeur à braver tout le monde et il lui avait toujours plu de vivre difficilement. Ainsi ne regrettait-elle pas, en se dirigeant avec cet homme vers un hôtel de la place Vintimille, le risque qu’elle pouvait dorénavant courir. Car avec ces hors-la-loi, toute déclaration d’amour est un lien infrangible. Et il faut, dès qu’on a possédé Verre de Lampe dans son lit, satisfaire, tant qu’il y tient, à toutes ses exigences financières.

Louise de Bescé, lorsqu’elle fut dans une chambre d’hôtel avec cet inquiétant personnage, résolut de jouer large et de l’attacher cette nuit par le sexe, comme lui s’était attaché les autres femmes. C’était aussi une défense, car elle portait une bijouterie abondante et magnifique, bien faite pour tenter un voleur.

Aussi, dès la porte close, se mit-elle nue en un tournemain, pour être en quelque façon sous les armes. Puis, avant que l’homme se fût lui-même dévêtu, elle mit toute sa science galante en acte pour le faire jouir d’abord.

Ce fut, à vrai dire, très facile. Verre de Lampe dressa aussitôt un membre fort beau, très lisse, sans poils sur la peau, sans veines tordues, sans laides excroissances. C’était une tige rose, terminée par un gland d’une somptueuse couleur vieux carmin, et dont l’infléchissement léger en arc, la rondeur parfaite et l’aspect gracieux autant que robuste, expliquaient l’ardeur des Montmartroises à se le réserver.