Page:Dormienne - Les Caprices du sexe.djvu/14

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Le couple, maintenant, se regardait avec des yeux de glace. Chez la triomphatrice, un sourire défiait l’abrutissement masculin.

— Tu viens ? dit-elle enfin, d’une voix âpre, comme si rien ne s’était passé.

Il dit oui et se redressa lentement.

— Presse-toi, il va bientôt faire nuit.

— Oui ! oui ! dit-il.

Il semblait stupide. Une tristesse bestiale emplissait ses traits égarés.

Tous deux s’en allèrent. Avec une stupeur peu à peu atténuée, Louise de Bescé les regarda disparaître. Mais lorsqu’ils se furent éloignés, le sang lui couvrit les joues et elle se sentit défaillir. Le silence était revenu. L’aboi du chien s’entendait encore. Le soleil était maintenant au ras de l’horizon. Un frisson parcourut les arbres derrière la jeune fille, qui perçut une odeur âcre et rance, un remugle de pourriture et de terre humide, un parfum nauséabond et en même temps délicat, qui lui parut désormais appartenir en propre à l’amour.