Page:Dormienne - Les Caprices du sexe.djvu/143

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— Toi, ma petite, tu peux dire non… c’est comme si tu la bouclais. Je suis fauché. Le flanche que je viens d’aller voir est en carafe et il me faut du bulle. Primo : ce que tu as, tous tes bijoux ; secundo : tous les soirs à partir d’aujourd’hui, deux livres… Parfaitement, deux cents balles par jour. Tu feras des michetons pour plus que ça. Tu m’as pris cette nuit, tu es à moi. Je te garde comme femme et rouspète pas !…

La voix de Louise de Bescé sonna, froide et ironique. Ah ! cette voix fit à de Laize un bien inexprimable. C’était toujours la même invincible volonté ; les Bescé d’Yr n’ont jamais tremblé. Ils portent d’Hermine au Pairle d’Or et le heaume à neuf grilles, comme des ducs. Ils aviliraient cela en pliant sur un ordre de marlou ?… Louise ne dit qu’un mot :

— Imbécile !

Figé, l’autre se tut.

— Imbécile, tu penses me faire peur ! Mais crois-tu avoir affaire à tes fournisseuses habituelles ?

Verre de Lampe dit :

— Moi… je…

— Tais-toi, cria Louise. Toi… toi… qu’est-ce que c’est que ça ? Je t’ai pris pour passer une nuit, comme un instrument. Même à ce point de vue je t’ai vaincu, tu le sais… Alors, tais-toi donc et va-t’en ! Tu me dégoûtes !

Il y eut un silence :

— Allons, sors d’ici, redit Louise, rien que de te voir j’en perdrais l’envie que j’ai de mon amant.

— Qui est-ce ? grinça le maquereau.