Page:Dormienne - Les Caprices du sexe.djvu/41

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dans le mur même. Il y avait dedans des ossements, des livres, des chaînes et, bien entendu, de complexes secrets s’y devaient celer. Le marquis faisait maintenant ouvrir un petit jour sur l’aile et sonder les murs, puisque la trouvaille avait été faite par hasard, en changeant des moellons d’une tour.

Louise entra dans la pièce mystérieuse, laquelle était carrée et hermétique, ou du moins le paraissait. Les ossements se trouvaient rangés dans un coin. Ils avaient dû appartenir à trois êtres. Trois hommes aux crânes massifs. Quel drame lointain s’était déroulé en ce lieu ? Quelle réclusion terminée par la mort ? Quelle condamnation impitoyable et souveraine ? Louise sentit une émotion l’étreindre en voyant six chaînes avec des carcans, que l’on avait soigneusement disposés près des restes humains. Enfin elle se tourna vers l’unique ouvrier qui la regardait avec curiosité.

C’était un jeune homme, très brun de peau, à face olivâtre. Il avait des yeux infiniment tendres et une sorte de supplication en émanait. Louise sentit une mollesse atroce l’envahir. Cet individu, qui ressemblait si peu à ceux qu’elle connaissait, ces ossements, ces chaînes… et les heures de cette nuit sans sommeil… tout l’émut. Elle dit, pour dissimuler son trouble :

— Ce n’est pas gai, votre travail, monsieur ?

L’ouvrier répondit d’un air doux :

— Rien n’est triste de la vie, mademoiselle…

— Tout de même, quelles souffrances ont dû connaître les êtres dont voici les squelettes, avant d’être délivrés par la mort…

— Oui, mademoiselle, d’autant qu’il y en eut un à demi dévoré par les deux autres.

Un frisson secoua la jeune fille.

— Quelle horreur !…