Page:Dormienne - Les Caprices du sexe.djvu/73

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yeux ardents, à la face dure et énergique, tout en faisant envie à tous, était trop différente de la prostituée pour qu’on la suivît.

Tout de même, un vieil homme commença de rôder autour d’elle. Il était digne et correct. Sous des sourcils lourds et gris, son œil avait une inquiétante fixité. Il finit par suivre Louise de près, puis brutalement vint à sa hauteur et lui dit :

— Venez-vous ?

Elle regarda ce « client », et d’un geste de la tête fit oui. En même temps une rougeur, dont, après sept mois de cette vie parisienne, elle se croyait bien devenue incapable, colora son visage. Il se mit à marcher à son côté, la dévisageant âprement, puis reprit :

— Prenons par ici. Mon appartement est au second, dans la rue, là-bas.

Une rue, puis une autre, et Louise, par un couloir somptueux, entra dans un ascenseur, poussée par son guide, et, cinq minutes plus tard, se trouva dans un vaste salon, encombré de tableaux. L’homme dit :

— Déshabille-toi.

Durement, elle répliqua :

— Donne-moi mon cadeau.

Il eut un sursaut à ce mot, puis tira son portefeuille.

— Tiens, voilà cent francs. Tu en auras autant après.

Louise haussa les épaules, plaça le billet dans son bas et commença à se dévêtir. L’homme la regardait avec curiosité. Sans dire un mot, quand elle eut fini, elle se tourna vers le vieillard. Nue, sauf ses bas, très droite, les talons joints, la débutante fit alors un signe qui pouvait vouloir dire : à vos ordres. L’homme affirma narquoisement :