Page:Dormienne - Les Caprices du sexe.djvu/75

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Elle reprit son linge, puis sa robe, et répondit enfin :

— Quand j’ai voulu travailler, on ne m’a pas demandé si je pouvais le faire bien, mais seulement si je voulais ouvrir les cuisses. J’ai donc décidé de vivre de mes cuisses ouvertes.

— Va-t’en, reprit l’homme. J’aime les femmes, mais si je te vois encore dix minutes, je deviendrai chaste. Tiens, prends encore !

Et il lui tendit un autre billet.

Louise partit. Un orgueil la possédait. Ainsi, depuis six mois elle cherchait inutilement du travail. Or, l’argent venait à elle aujourd’hui, après tant de vains efforts, de ce seul chef qu’elle renonçait enfin à tout labeur, à toute vergogne et à toute pudeur. Quelle leçon ! Ses pas méditatifs la conduisirent vers la place Clichy. Un jeune homme très élégant l’accosta soudain :

— Mademoiselle, voulez-vous que je vous accompagne ?

Louise répondit froidement, se sentant assurée du lendemain :

— C’est cent francs !

Il les tira de sa poche avec un air amusé.

— Voilà ! Mais je vous garde jusqu’à six heures ce soir.

— Oui, si c’est pour me promener, mais pour l’intimité ce sera deux cents de plus.

— Ça va ! Toutefois à ce prix je fais de vous ce que je veux ?

— Non, c’est l’intimité. Je me déshabille et vous me regardez comme la Vénus de Milo.

— Mais alors, pour toucher ?

— Dix louis de plus.