Page:Dormienne - Les Caprices du sexe.djvu/85

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L’autre tiqua :

— Oh ! Oh ! je me suis trompé. Vous connaissez cette histoire ? C’est extraordinaire !

— Oui ! et celles de la compagnie Hogskief.

— Bah ! Vous êtes dans les secrets des dieux, je vois. Mais j’ai eu Bescé à mon tour avec la Hogskief. Il a dû finir par se débarrasser à perte de son paquet de titres. Heureusement que je suis outillé contre cet homme par la fille de Séligman, qui sait tout du dadais de fils.

Le baron de Blottsberg parlait très à l’aise, comme dans son bureau. Il ne voyait aucun inconvénient de dire à une petite femme sans intérêt un secret délicat des affaires. Il ne pouvait pas digérer d’ailleurs les Platines du Puy-de-Dôme, où le groupe Bescé, sachant Blottsberg à la baisse, avait fait grimper les titres à cinq mille.

Blottsberg avait dû battre en retraite, laissant douze millions dans le coup. Aussi sa rancune le poussait-elle à se vanter de sa revanche et il révélait par orgueil le mystère qui lui permettait d’avoir désormais les Bescé. Julia Séligman, princesse Spligarsy, était une espionne au service du banquier juif.

Louise sentit le sang des Bescé irriguer son cerveau ; l’orgueil héréditaire la dressa hautainement. Elle dit :

— Ah oui, l’espionnage ! Ce sont des armes dont on n’use pas dans ma famille…

— Dans votre famille ? dit en ouvrant de grands yeux le financier ahuri.

Comme Louise le dévisageait avec un rire de mépris, il redevint soudain cauteleux et inquiet, l’œil faux et la lippe tombante.

— Voulez-vous tout de même m’accompagner ?