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CHAPITRE VII

L’Action

Dès leur adolescence, les hommes de génie ont des disciples. Leconte de Lisle, qui, toute sa vie, devait triompher si difficilement de l’indifférence de ses contemporains, fut, dès ses premières années, distingué, — comme un esprit fait pour dominer — par quelques-uns des créoles qui avaient été les compagnons de son enfance. Ces jeunes gens avaient conservé les lettres, écrites à la sortie du collège, par ce camarade, pour lequel ils prévoyaient des destinées glorieuses.

Les plus anciennes de ses confidences d’adolescent remontent à l’année 1837[1]. Charles Leconte de Lisle avait alors dix-neuf ans. Ses parents, qui eux aussi avaient conscience de ses dons, sentaient que le milieu où leur fils avait grandi n’était guère favorable à la formation de son esprit. Ils avaient décidé de l’envoyer en France pour passer son baccalauréat et faire son Droit. Comme la famille de Leconte

  1. Les autographes de la plupart de ces lettres se trouvent aujourd’hui au Lycée Leconte de Lisle à Saint-Denis, île de la Réunion, à la disposition du public qui désire en prendre connaissance.