Dans son discours de réception à l’Académie française, Leconte de Lisle a défini la qualité de philosophie que, la critique et le public sont, à son avis, en droit d’attendre d’un poète. Il va de soi que l’on ne saurait exiger d’un artiste — dont les premiers devoirs sont, d’une part, de recevoir des impressions du monde extérieur, de l’autre, de ne point résister à ses inspirations — les rigueurs systématiques, et l’impeccable logique d’un raisonneur de carrière :
« … Cependant, remarque Leconte de Lisle, toute vraie et haute poésie contient une philosophie, quelle qu’elle soit : aspiration, espérance, foi, ou renoncement réfléchi au sentiment de notre identité, survivant à l’existence terrestre[1]. »
Ces lignes tracent la courbe même de la pensée philosophique du poète. Elles résument les débats d’âme qui, peut-être, tinrent la plus grande place dans sa vie intellectuelle. Et, comme si, malgré la netteté de ses affirmations, il craignait de n’être pas compris, il voulut préciser sa pensée en
- ↑ 31 mars 1887.