Leconte de Lisle avait une connaissance étendue des langues mortes et vivantes, mais il n’avait pas étudié le sanscrit. Ce fut à travers l’œuvre d’Eugène Burnouf, que, vers 1847, l’Inde religieuse lui fut révélée[1].
Quatre ans plus tard, il apparaît si absorbé dans les arcanes de cette civilisation asiatique que Sainte-Beuve peut écrire : « En traduisant le sentiment suprême du désabusement humain, et en le confondant ainsi avec celui qu’il prête à la Nature, M. Leconte de Lisle a quitté le paysage du midi de l’Europe et fait un pas vers l’Inde. Qu’il ne s’y absorbe pas[2]. »
Cette dernière phrase, explique l’état d’âme où la lecture des poèmes indiens a plongé Leconte de Lisle. Il « s’y absorbe ». Il n’y cherche point une matière d’art, des sujets nouveaux à mettre en vers : il satisfait le désir qu’il a de