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L’INDE

Bien que le poème indien de Leconte de Lisle : La Mort de Valmiki ait été placé par lui, dans le classement final de ses Poèmes Antiques, après les pièces de Sûrya ; La Prière védique pour les Morts ; et Bhagavat — on a des raisons, liées aux conversations du poète pour savoir que : La Mort de Valmiki fut composée avant tout autre poème hindou.

La matière en est tirée du Mahabharata[1], une des deux épopées les plus intéressantes de la littérature indienne. Elle met en scène, non pas un philosophe — le mot est inconnu aux Indes — mais un « Sage » plus que centenaire. C’est le glorieux Valmiki, l’immortel auteur du poème innombrable, touffu comme la forêt vierge, qui a nom : La Ramayana.

Le vieux Valmiki est las d’avoir contemplé le monde., nommé les formes, toutes les espérances de la vie, dont il a été le témoin. Il gravit le sommet d’une montagne qui domine la Terre ; il veut contempler une dernière fois les nuées, les fleuves, les cités, les lacs, les bois. C’est l’aurore. Aux pieds de l’ascète, le voile, qui couvre toutes les apparences créées, se soulève, et la terre se manifeste dans la joie radieuse de la vie :


    chemin faisant, ne sauraient lui être imputées : « il est au courant des résultats conquis par la science de son temps. » En effet si des commentaires ultérieurs fixèrent autrement les dates de certains documents, les interprétations de certains mythes, il serait puéril de reprocher à un poète de ne point avoir détruit ou remanié, pour ces raisons de critique historique, des poèmes parfaits, dont rien ne saurait modifier le sens supérieur et les conclusions philosophiques.

  1. Le Mahabharata est la plus vaste des épopées indiennes. Elle contient 214 778 vers. C’est un monument poétique prodigieux, commencé au XIIIe sièclexiii« siècle avant J.-C, par une chanson qui célébrait la guerre, qui eut lieu dans le bassin du Gange, entre deux peuples Aryens : les Pandavas et les Kanravas. Cette épopée a démesurément grandi, siècle par siècle, par l’addition de légendes ajoutées par les Brahmanes. Cf. Traductions : de E. Foucaux. Paris, 1862 : Émile Walthier. Paris, 1864, etc.