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MA TANTE

cureuse ayant achevé sa toilette à grande prétention, monta à ma cuisine pour me donner ses ordres particuliers, pour la nourriture des trois clercs restans.

Elle ouvrit le buffet, en sortit deux litrons de haricots, et me recommanda de les bien ménager, pour pouvoir en faire deux repas, au cas que, comme elle le supposait, on les retînt à cette campagne pour souper… et notez qu’en le supposant, son intention était bien d’avance de s’en faire faire l’invitation.

« C’est fort bien, madame, lui dis-je, voilà pour messieurs les clercs ; mais pour moi ?… — Oh ! pour vous ! et toujours pour vous !… Cette fille-là ne pense qu’à elle. — Et mais, madame, cette fille-là est bien obligée d’y penser, puisque les autres l’oublient. — Eh bien, eh bien, n’avez-vous pas du pain ?… je viens encore de vous en donner. — Comment, madame, un quarteron à peu près, depuis avant-hier que je n’avais rien mis dans mon