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MA TANTE


un chien ne trouverait pas de quoi ronger sur un os.

Je me déterminai donc à prendre place auprès du premier clerc, dont la politesse me fournit d’abord, en remplissant mon assiette, de quoi réparer le temps perdu, et ne plus m’inquiéter s’il en resterait ou non dans les plats. Les libations abondantes se succédaient de même fort rapidement, et l’on commençait déjà à juger que les douze bouteilles demeureraient aussi vides que les plats nets.

Cependant mon estomac, dérangé par la rude abstinence à laquelle on l’avait contraint depuis trois ou quatre jours, se refusait presque au désir que j’avais de le restaurer, et je m’efforçais aussi de boire, plus même par raison que par gourmandise (c’était pour lui redonner du ton et du ressort que je voyais qu’il avait perdu), de sorte qu’au troisième verre, déjà les fumées qu’il me renvoyait au cerveau, m’avaient étourdie.

Me voyant dans cet état, les six jeunes