Page:Dorvigny - Ma Tante Geneviève, ou Je l’ai échappé belle, 1800.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
18
MA TANTE


de quatre. Il leur dit de se mettre chacun à son chevalet, et de dessiner d’après le modèle qu’ils voyaient.

Ces jeunes gens se placèrent donc, et tous ensemble se mirent à tirer des copies de mon corps, suivant la différente position d’où chacun d’eux pouvait m’observer.

Je ne puis décrire ici, mais le lecteur peut se faire une idée de la confusion que je devais éprouver, d’être ainsi toute nue, attachée et exposée à la vue de cinq hommes, auxquels, par les différentes positions qu’ils avaient, la moindre partie de mon corps ne pouvait échapper.

« Ah ! sainte Suzanne, m’écriai-je, vous n’avez été vue au bain que de deux vieillards, qui vraisemblablement portaient des lunettes, et encore, libre de vos mouvemens, vous pouviez leur dérober ce que vous vouliez de votre corps ; mais moi je ne puis rien cacher à cinq jeunes observa-