» faites bien aussi vous-même, vous
remplirez le vôtre… et si vous restez
quelque temps chez moi, à l’usée nous
nous connaîtrons mieux tous les deux ».
Tout le temps du souper se passa ainsi fort gaîment, à bien boire et bien manger, et de sa part, à nous débiter par-ci par-là quelque petite sentence de morale bachique, comme il l’appelait.
« Car, voyez-vous, mes enfans », nous disait-il, à son garçon et à moi, « sans le vin, l’homme ne serait qu’un sot ; il ressemblerait aux bêtes qui ne boivent que de l’eau, et qui n’ont que de l’instinct : la rivière coule pour elles ; mais c’est pour nous que le raisin mûrit, et que son jus remplit nos tonneaux… et je n’ai jamais tant d’esprit que quand j’en ai bu beaucoup ».
Enfin, à force de chercher de l’esprit dans les bouteilles, il eut pourtant celui de s’apercevoir qu’il allait bientôt perdre