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MA TANTE


tique, chez cet excellent et étonnant homme ; et je n’eus qu’à me louer de lui pendant six mois, comme de son côté, il fut très-satisfait de ma conduite. Je m’étais faite à sa manie de ne vouloir pas laisser parler le monde, et il me faisait souvent compliment de ma docilité à cet égard, et de la sobriété de ma langue ; car je ne lui disais pas vingt paroles par jour.

« Voilà, disait-il souvent, comme toutes les femmes devraient être ! Je me rappelle d’avoir vu sur une enseigne, à la bonne femme, parce qu’elle n’avait pas de tête… mais le peintre avait tort. Leur tête est encore bonne à voir ; ce n’est que leur langue qu’il ne faudrait pas entendre ».

Le seul défaut que je voyais, avec intérêt pour lui, et qu’on pouvait raisonnablement lui reprocher, c’est qu’il aimait trop à boire, et qu’il se grisait régulièrement tous les dimanches et fêtes.