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MA TANTE


prêtes à être sacrifiées par le glaive d’une justice, hélas ! quelquefois bien aveugle.

Ce qui ajoutait le plus encore à notre douleur, c’était la cruelle précaution que l’on avait prise de nous séparer, pour nous empêcher de nous concerter ensemble pour les réponses que nous devions faire à nos interrogatoires. Le coup de la mort nous aurait été moins sensible que cette terrible séparation. Chacune de nous crut que l’on emmenait l’autre pour la conduire au supplice, et toutes deux fondant en larmes, en croyant nous dire un éternel adieu, nous demandions du moins par grâce, en protestant toujours de notre innocence, la douloureuse consolation de mourir ensemble.

On fut inexorable. On nous arracha des bras l’une de l’autre. On nous fit monter chacune dans une charrette avec d’autres véritables criminels qui allaient subir leur arrêt, et escortés par un dé-