Page:Dorvigny - Ma Tante Geneviève, ou Je l’ai échappé belle, 1800.djvu/577

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
46
MA TANTE


tirer de ces tombeaux ambulans, effrayantes annonces de celui où nous comptions devoir bientôt être ensevelies, et nous reconduisit, à pied et attachées ensemble par une même corde, à la chambre où le prélat nous attendait seul.

Plus surprises que confondues à son aspect, puisque nous n’avions véritablement pas de reproches à nous faire, nous tombâmes à terre devant lui, mouillant le carreau de nos larmes, et sans pouvoir proférer une parole.

Il fit sortir le brigadier, et nous apostrophant d’un air très-courroucé, d’après la complicité qu’il nous croyait avec son perfide domestique, il nous demanda si c’était là la reconnaissance que nous aurions dû lui témoigner des bontés qu’il avait voulu avoir pour nous.

Je restai muette et éperdue… mais ma tante, qui avait plus de fermeté que moi, et sur-tout beaucoup plus de jugement et de connaissance des hom-