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MA TANTE


gueule ouverte, pour me dévorer ; que je voulais le fuir, mais que mes genoux faiblissant sous moi, je tombais sans défense, et que le serpent m’entortillant des longs replis de son effroyable queue, terminée par un triple dard dont il me perçait déjà, s’apprêtait à sucer tout mon sang !…

Réveillée en sursaut par ce songe horrible, et m’agitant douloureusement sur mon lit, je vis auprès de moi l’aubergiste, qui était entré dans ma chambre, dont il avait ouvert la porte au moyen d’une double clef. Il tenait d’une main un papier, et de l’autre un pistolet…

A cet aspect, aussi effrayant que tout ce que j’avais cru voir dans mon rêve, je jetai un cri terrible.

« N’ayez aucune peur, ma belle enfant, me dit-il, et sur-tout ne criez pas. Ne dites mot, même, et laissez-moi parler. Je ne viens ici qu’avec de bonnes intentions pour vous ; mais