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MA TANTE


que pour annoncer et nécessiter notre perte.

La force des vents nous ayant jetés hors de notre route pendant toute la nuit, nous aperçûmes au matin un corsaire algérien qui venait sur nous. N’étant pas en force pour nous défendre, nous ne cherchions qu’à fuir ; mais notre vaisseau, endommagé par les suites de la tempête, qui avait emporté une partie de nos voiles et de nos agrès, ne put échapper à l’ennemi, qui, avançant à voiles et à rames, nous attrapa et commença à nous envoyer une volée de ses canons, qui nous fit encore ressentir une nouvelle espèce de peur non moins effrayante, en voyant tomber à côté de nous nos compagnons, écrasés par les boulets, ou déchirés par les éclats des bois qu’ils fracassaient…

Le combat ne dura pas long-temps ; les pirates turcs eurent bientôt détruit la moitié de notre monde et forcé le