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GENEVIEVE.

Sensible à l’intérêt qu’il prenait à moi, je le suivis sans rien répondre, mais remerciant intérieurement le ciel de m’avoir envoyé ce digne protecteur.

Nous nous arrêtâmes bientôt après chez un marchand de vin traiteur qui avait des petits cabinets fort propres, et monsieur de Lafleur en ayant choisi un et commandé un joli déjeûner, m’y fit entrer avec lui. La fenêtre donnait sur un petit jardin très-agréable ; il faisait fort chaud, et nous la laissâmes ouverte, tant pour avoir de l’air que pour jouir de la vue des fleurs.

On nous servit un charmant ambigu et d’excellent vin. Peu accoutumée à un ordinaire si délicat, et excitée par les prévenances de monsieur de Lafleur, qui garnissait toujours mon assiette et remplissait mon verre (avis que je donne en passant aux jeunes filles qui déjeûnent avec des hommes jeunes ou vieux) j’officiai de bon courage… Les propos gais qu’il me tenait, assaisonnés tou-