Page:Dorvigny - Ma Tante Geneviève, ou Je l’ai échappé belle, 1800.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
74
MA TANTE


miracle qu’elle avait déjà. « Un prieur de Carmes enlevé dans le ciel en plein jour, à la vue de tout le peuple ! disait le père procureur, jugez donc quelle bénédiction pour notre couvent, et comme les aumônes vont nous pleuvoir de tous côtés !

» Oui, mais, reprenait le père infirmier, qui était le plus rétif de la bande (sans doute par jalousie de ce que ma tante lui avait soufflé le noble privilége de l’introduction de la canule), cette femme jasera, elle détruira la supposition du miracle en disant que c’est l’effet de son lavement… ou même elle ira dans un autre couvent qui, envieux de notre bonheur, la paiera bien pour renouveler la même épreuve sur un de leurs sujets qu’elle fera envoler pareillement. Ce couvent partagera avec nous la vénération du peuple, et qui pis est, ses aumônes et ses libéralités… Or tout bénéfice partagé diminue et