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Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/134

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Toujours placé derrière la chaise de la générale, il adorait le sucre et, quand on lui en donnait, il le croquait aussitôt de ses superbes dents blanches, cependant que ses beaux yeux et tout son visage exprimaient le plus vif plaisir.

Pendant longtemps, Foma Fomitch lui en voulut, mais, à la fin, convaincu qu’il n’arriverait à rien par la colère, il résolut de s’instituer le bienfaiteur de Falaléi. Tout d’abord, il gronda mon oncle de négliger l’instruction de ses domestiques et décida d’enseigner à ce malheureux garçon et la morale et la langue française.

— Comment ! disait-il à l’appui de son absurde lubie, comment ! Mais il est toujours près de sa maîtresse. Oubliant son ignorance du français, il peut fort bien arriver qu’elle lui dise, par exemple, donnez-moi mon mouchoir. Il doit comprendre ce que cela veut dire pour la servir convenablement.

Non seulement on ne pouvait réussir à le faire mordre au français, mais le cuisinier Andron, son oncle, après d’infructueuses tentatives de lui apprendre le russe, avait depuis longtemps relégué l’alphabet sur une planche. Falaléi était absolument fermé à la science des livres, et ce fut même l’origine de toute une affaire.

Les domestiques s’étaient mis à le