Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

repris-je. Écoutez : savez-vous pourquoi je suis venu ici ?

— Non… non… répondit-elle en rougissant et une expression de douleur se refléta sur son charmant visage.

— Excusez-moi continuai-je. Je ne suis plus moi-même. Je sais que je devrais prendre plus de précautions, surtout avec vous… Mais, n’importe ; je pense que, dans des cas pareils, la franchise est encore le meilleur parti… J’avoue… ou plutôt, je voulais dire… vous connaissez les intentions de mon oncle ? Il m’a ordonné de vous demander votre main !

— Oh ! quelle sottise ! Ne me parlez pas de cela, je vous en prie, interrompit-elle précipitamment, la figure tout empourprée.

J’étais fort embarrassé.

— Comment, sottise ? Mais il m’a écrit…

— Il vous a écrit ! fit-elle avec animation. Il m’avait pourtant promis de ne pas le faire. Quelle sottise ! mon Dieu ! quelle sottise !

— Excusez-moi, bredouillai-je, ne sachant plus que dire. Peut-être ai-je agi brutalement, imprudemment, mais aussi, la circonstance est exceptionnelle. Pensez donc à l’imbroglio où nous nous débattons !