Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/185

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peu que je puisse aider à ce que vous avez résolu, disposez de moi dans les siècles des siècles.

— Je te remercie, mon petit, je te remercie ! Mais tout est déjà arrêté. J’attends Foma ; on est allé le chercher. Lui ou moi ! Nous devons nous séparer. De deux choses ou l’une, ou bien Foma quittera cette maison, ou bien je redeviens hussard. On me reprendra et l’on me donnera une brigade. À bas tout le système ! Une vie nouvelle va commencer ! Qu’est-ce que c’est que ce cahier de français ? — cria-t-il à Gavrilo d’une voix furieuse. — Il n’en faut plus ! Brûle-moi ça ! piétine-le ! déchire-le ! c’est moi, ton maître qui te l’ordonne et qui te défends d’apprendre le français. Tu ne peux pas, tu n’oseras pas me désobéir, car c’est moi qui suis ton maître et non Foma Fomitch !

— Gloire à Dieu ! marmotta Gavrilo.

De toute évidence, mon oncle ne plaisantait pas.

— Mon ami, reprit-il d’un ton pénétré, ils exigent l’impossible ! Tu seras mon juge. Tu seras entre lui et moi comme un juge impartial. Tu ne pouvais t’imaginer ce qu’ils veulent de moi ! C’est absolument inhumain et malhonnête… Je te dirai tout cela mais, auparavant…

— Je sais déjà tout, mon cher oncle ! inter-