Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/224

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jeter votre choix sur moi que vous connaissez tout juste depuis quelques heures ?

— Votre question me fait d’autant plus de plaisir qu’elle me donne l’occasion de vous dire toute l’estime que j’éprouve à votre endroit, répondit-il avec un sourire aimable.

— Fort honoré !

— Non, voyez-vous, je vous étudiais tantôt. Vous êtes un tantinet fougueux et aussi un peu… jeune… Mais, ce dont je suis certain, c’est qu’une fois votre parole donnée, vous la tenez. Avant tout vous n’êtes pas un Obnoskine. Et puis, je vois que vous êtes honnête et que vous ne me volerez pas mon idée, excepté, cependant, le cas où vous seriez disposé à vous entendre avec moi. Je consentirais peut-être à vous céder mon idée, c’est-à-dire Tatiana Ivanovna et serais prêt à vous seconder dans son enlèvement, à condition qu’un mois après votre mariage, vous me remettriez cinquante mille roubles.

— Comment ! vous me l’offrez déjà ?

— Certes ! je puis parfaitement vous la céder au cas où cela vous sourirait. J’y perdrais, sans doute, mais… l’idée m’appartient et les idées se paient. En dernier lieu, je vous fais cette proposition, n’ayant pas le choix. Dans les circons-